
Jeudi soir, le temps est frais, la nuit s'apprête à tomber. Je m'élance sur mon Cervin pour une randonnée nocturne. Je traverse, dans la semi noirceur, le pont Jacques-Cartier en direction de Montréal pour aller rejoindre un regroupement plus ou moins spontané de cyclistes urbains : Le Bikes and Beer. La métropole, du haut du pont, semble être encore plus radieuse qu'à l'habitude. Elle brille de toutes ses watts et son vacarme lointain témoigne d'une vie grouillante et riche.

Je ne sais pas à quoi m'attendre. Une bande de "yo man"? Un rendez-vous social convenu? En fait rien de cela. Ce qui me frappe en premier c'est l'accueil simple et amicale. Certains ont l'air de bien se connaître, d'autres tendent la main en se nommant spontanément. Il y a vraisemblablement une simple recherche de plaisir à découvrir des gens et une ville.
Il y a plusieurs "Fixie" (vélos à pignon fixe), quelques vélos "Vintage" (rétro) et autres "Commuter" (navetteur). Le bilinguisme est présent de façon très naturelle.
— Hey! Un Cervin! me lance quelqu'un à mon arrivée.

Je rencontre aussi un français, établis à Montréal depuis deux ans, développeur de sites internets et roulant sur un vélo à pigion fixe tout blanc. On parle du blogue et de sa vocation vélo-artistico-culturel.
Après une consultation rapide sur la destination, le groupe s'élance dans la ville, en direction de du Stade Olympique. Un petit arrêt au dépanneur pour quelques boissons... et on reprend le rythme.
Même si celui-ci est très relaxe, le "peloton" est pourtant dynamique. Quelques cyclistes poussent leurs "Fixies" par de courtes accélérations. D'autres cyclistes adoptent l'attitude "Slow Bike". Je suis des deux mouvements en alternance. Mon Cervin me permettant aussi de bonnes accélérations, ce qui semble étonner certains. On n'a pas l'habitude de voir un vélo qui semble lourd et costaud se mouvoir aussi aisément. C'est une des forces de mon vélo.
Le trajet est tantôt de pistes cyclables, tantôt de rues et boulevards, tantôt de petits passages sombres en arrière de bâtiments industriels. J'aime beaucoup la dynamique de cette randonnée.
Arrivé sur les vastes parvis bétonnés du Stade Olympique, le groupe ralenti, déambule çà et là, pour enfin s'arrêter et déposer cycles et sacs. Du béton émane la chaleur accumulée de la journée.

C'est l'occasion pour moi d'essayer un vélo à pigion fixe. Premier constat : je suis complètement perdu. Que ce soit du coup de pédale de départ (pas de roue libre pour positionner la pédale), à la position des mains (guidon de piste très petit et très arrondi) et au freinage (quel freinage?), c'est complètement un autre monde.
Quelqu'un me donne une excellent explication de la meilleure façon d'aborder le pédalage sur pigion fixe : « C'est comme marcher. On n'y pense pas, cela est devenu naturel avec l'expérience. On fait un pas devant l'autre. Pour accélérer, on court. Pour freiner on raidit les jambes. Il n'y a pas de "roue libre" en marchant. On s'y est parfaitement habitué. »
Je fais aussi la connaissance d'un autre "Fixie", un jeune dans la vingtaine, qui termine des études en génie électrique à L'ÉTS. Congolais d'origine, arrivé à Montréal en bas âge, il projette de retourner en Afrique afin de mettre ses connaissances en ingénierie au service de la population. « Il y a assez d'ingénieurs en occident, me dit-il, j'ai mieux à faire là où je peux faire la différence ». Il m'impressionne pas la maturité et la clarté de son projet.
C'est à leurs tours d'essayer mon vélo. À voir les sourires et les airs amusés des "testeurs" je sais que le vélo séduit. Sa stabilité est remarquée. De la part de cycliste pour qui la stabilité est une seconde nature, c'est un véritable compliment.
J'ai beaucoup aimé cette expérience urbaine. Si la météo est clémente jeudi prochain, il y a des grandes chances que j'y refasse faire un tour.
Le Bikes and Beer :
Les jeudis soirs
départ du Parc Lahaie à 22h30
(coin St-Laurent et St-Joseph).
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