Quand on n'a jamais connu autre chose...

Trois vitesses dans le moyeu de la roue arrière
Quand j'étais petit, je grimpais sur mon vélo de route rouge, en acier, à trois vitesses (dont je ne me souviens plus du nom de la marque... enfin, sûrement un vélo Suisse!), avec ses garde-boue chromés, son porte-bagages, et je filais loin de la maison, découvrir ma ville et mon canton d'origine, Genève.
Trois vitesses! Quand j'y pense, je suis encore essoufflé. Trois vitesses au moyeu, pas de droit à l'erreur. Toujours trop ou pas assez. Jamais le bon rapport. Mais je ne m'en souciais guère, car je ne connaissais pas autre chose. Cela ne m'a pas empêché de voyager. La hollande! Ok, ok, c'est constamment plat. Parfait pour les trois vitesses. Mais monter des petites routes alpestres, là cela aurait été un calvaire.
Trois vitesses! C'est de la torture! Mais quand on n'a jamais connu autre chose...
En fin de semaine dernière, l'oncle Robert est arrivé à la maison.
— Fais-moi essayer tes vélos!
Je lui passe un Lugano. Après quelques ajustements rapides de la hauteur de la selle, il donne ses premiers coups de pédale dans la rue.
Si vous aviez vu son sourire, son air béa, son allégresse...! Ma récompense! La récompense de toute l'équipe de développement.
— Ça roule! cria-t-il. Ça roule tout seul!
L'oncle Robert a toujours roulé sur des vélos à trois vitesses. Alors soudainement de passer à 7 vitesses internes et précises, sur des roulements tout neufs et des bons pneus (à la bonne pression!)...
On ne se rend pas compte à quel point l'importance d'avoir une bonne monture peut nous offrir le plaisir de rouler et surtout, surtout, le goût de recommencer! Investir un petit peu plus en vaut tellement la peine.
Ma petite victoire est toujours de pouvoir me dire :
Un vélo de plus, une voiture de moins.

Lugano 2010