lundi 26 octobre 2009

Petite causerie avec moi-même sur mon vélo en direction du boulot.

Le matin est frais et la lumière cendrée annonce déjà une journée radieuse. L’astre solaire me réchauffe déjà tendrement le dos. La ville au loin m’appelle telle une jungle effervescente et créative, d’où émane… Ok, ok, on se calme! Ce n’est rien qu’un parcours maison-boulot. Alors roule!

Il y a plusieurs façons d’aborder la ville en vélo. Tout dépend du type de vélo qu’on utilise. Vraiment? Oui peut-être un peu, même beaucoup! Ce matin, j’ai pris un vélo « urbain performance ». Je me suis donc soudainement senti très urbain et très… performant! Bon, ok, je suis un p’tit gars en forme, mais tout de même, ce vélo m’aide à être vif et alerte. Sont-ce là des conditions sine qua non en ville? Sine qua quoi? Laisse faire! Faut-il immanquablement être vif et alerte? Pas forcément. Il s’agit avant tout d’un choix. Si j’avais pris un vélo de navettage confort, comme mon Cervin, j’aurais certainement adopté une attitude « Slow Bike ».

Ok, ok, pour ceux qui arrivent à l'instant : À l’instar du mouvement « Slow Food », le « Slow Bike » propose un autre type de déplacement, une autre façon de gérer son parcours, pas nécessairement lentement, mais plus calmement, en regardant ce qui nous entoure, en se laissant le temps de redécouvrir son environnement. Bon, bien sûr, il faut rester concentré sur la route, mais on peut choisir un parcours alternatif moins stressant. Là est l’avantage de nos quadrilatères nord-américains : il y a toujours moyen de varier son trajet sans pour autant faire de grands détours, mais en recherchant une certaine qualité de déplacement.

Bien beau le « Slow Bike », mais ce matin, je suis sur mon vélo urbain performant. Ok! Et ça roule! Peut-être aussi du fait que j’ai passé des semaines à rouler avec mon vélo confort, j’ai tranquillement forcé mon entraînement. Peut-on parler d’entraînement? Pour ma part, je n’ai plus l’impression de m’entraîner. Cela se fait de facto. Le simple fait de maintenir une certaine fréquence fait le travail et le tour est joué! Sitôt que je grimpe sur une monture plus performante, j’ai des ailes! Et ce matin, c’est extraordinaire!

Il faut que je l’avoue, j’ai consciemment laissé la pompe à pied dans son coin, même en ayant tâté le caoutchouc. Mes pneus doivent être à 80% de leur pression normale. Mais quel confort! Avec nos magnifiques revêtements urbains et leurs multiples qualités de surface, un pneu un peu mou accentue l’impression de pouvoir avaler la route sans vergogne.

Sur ce vélo, il y a 24 vitesses. Excellent pour les longs bouts droits, mais en fait en ville, surtout lors des démarrages rapides, avoir un étalage plus large serait mieux. Cela éviterait de faire autant de petits ou de doubles changements de vitesse. J’ai essayé durant quelques jours un vélo avec sept vitesses au moyeu arrière, un Nexus Inter 7. Je m’étais dit que cela serait un gros handicap pour mon navettage journalier. Mais j’ai été très surpris de constater que l’étalage des vitesses était parfaitement adapté au milieu urbain. Des démarrages rapides! En quatre changements seulement, on peut atteindre une bonne vitesse de croisière. Il faut dire que ce vélo-ci avait des roues de 26 pouces. Moins d’inertie au démarrage.

Il y a aussi la position qui compte. Être plus penché en avant, sur un vélo de performances, pousse peut-être le sang dans le cerveau! En tout cas, je me sens plus agressif et tricote plus volontiers dans la circulation. Circulation? Quoi, moi qui en d’autres temps prône justement le parcours alternatif et sécuritaire? Oui, oui, je suis allé jouer dans le trafic. Mais il faut dire qu’en ville, plus le trafic est dense, plus il est lent et donc prévisible. À moins qu’un énervé s’énerve justement et bondisse hors de sa ligne pour faire un dépassement pas très catholique. Alors sans être protestant (ho! ho!), car ce n’est pas vraiment dans ma nature, je dévie de manière fluide et élégante, l’air de rien. Vraiment, avec ce vélo performant, j’adopte une chorégraphie assez intéressante. Il faudrait qu’on filme ça et qu’on y ajoute une trame sonore en conséquence. Hip Hop? Jazz?… Acid jazz! Et d’ailleurs, en parlant de cela, rouler en musique c’est très agréable, mais il faut l’avouer, l’oreille, pour un cycliste, c’est un peu son troisième œil. Alors obstruer celui-ci accentue les risques. Dans une seule oreille alors… Bon, nous sommes des adultes consentants, majeurs et vaccinés. À chacun d’évaluer le niveau de risque qu’il désir, ou est capable de gérer.

Et si ce matin j’avais pris mon vélo de compétition? Rassurez-vous, je ne fais pas de compétition. Me verriez-vous faire du « Slow Race »..! Blague à part, sur ce vélo, je me sens en formule 1, mais tout comme dans une formule 1, la vision n’est pas optimale, et en conditions urbaines, avoir la tête dans le guidon n’est pas des plus pratique. Mais bon, j’aurais mis la moitié du temps pour ce parcours, et je serais arrivé en nage, à bout de souffle. Je le sais pour l’avoir fait durant des années, les yeux rivés sur mon cyclomètre afin de faire augmenter ma moyenne kilomètre/heure à tout pris. Et durant toutes ces années, je n’ai rien vu du paysage! Mais quelle moyenne!

Avec une attitude de « Slow bike » j’arrive au travail frais comme une rose (ou presque), calme comme un Yoda (ou presque), oxygéné comme une plante verte… Non, justement, une plante absorbe du Co2. D’où la question fondamentale : le cycliste urbain est-il une plante verte? Ok, ok je dérape! En parlant de dérapage, les petits pneus de compétition 700/23, avec des freins à pivots, quand il est temps de freiner « pour de vrai », ce n’est pas ce qu’il y a de plus… performant. Comique pour un vélo ultra-performant. Ah, c’est vrai, un collègue qui fait de la compétition de haut niveau m’avait dit un jour, pince-sans-rire, qu’avec un vélo de course, on n'est pas sensé freiner. Ah! Je comprends mieux maintenant les Fixies, ils sont donc performants! Hum! Pas sûr!

Avec mon vélo de ce matin, 24 vitesses, freins en V, pneus 700/28, ça freine! Et plus drôle encore, avec mon vélo confort, mêmes vitesses, presque mêmes freins et pneus 700/32, quand ça freine, ça freine vraiment! Peut-être est-ce dû à la modulation des leviers? En tout cas il y a plus de contact au sol.

Bon, je l’avoue, mon vélo urbain performance à un freinage un peu fatigué ce matin. Il faut dire que les patins de freins ont du vécu. J’ai même perdu complètement leur efficacité, un jour de pluie, ce qui m’a valu une bonne « débarque » et m’a soudainement donné envie de passer aux freins à disques. J’ai donc essayé un vélo urbain doté de freins à disques mécaniques. C’est bizarre, mais au Québec, on est très réticents à utiliser des disques ailleurs qu’en montagne. Sur la côte ouest, c’est tout le contraire. Bon, cela peut se comprendre, il pleut tout le temps là-bas. Mais il faut l’avouer, ça marche plutôt bien. Certains me disent que c’est un aria à ajuster. Encore bizarre, en vélos de montagne, personne ne se plaint. J’ai remarqué que chacun a sa petite méthode pour ajuster des freins à disques qu’il considère être comme la meilleure. Alors, utilisez-là! En tout cas, une fois que les freins à disque sont rodés, c’est rassurant de savoir qu’ils donneront leur plein potentiel en tout temps.

Mais ce matin, je n’ai que mes patins usés et une roue avant légèrement tapée. « Cout-donc », sur quoi tu roules? J’ai dit que j’avais pris une « bonne débarque ». N'empêche que ces roues sont solides! Doubles parois et 32 rayons, ça aide. Malgré le nid-de-poule caché dans une magnifique flaque d’eau et mon élégant vol plané, je suis remonté sur un vélo qui ne semblait pas avoir été moindrement ébranlé ni affecté par ma mésaventure. Et comme je suis fidèle, je l’ai gardé et je l’utilise encore souvent.

Il est vrai que par ces temps-ci, ayant découvert les attraits et les bénéfices du « Slow Bike », j’ai beaucoup plus tendance à prendre mon vélo urbain confort. Bien sûr, je mets plus de temps à me rendre au travail, mais si je fais le calcul, cela me prend le même temps qu’avec mon vélo de compétition. Là tu charries un peu!

Non, non, pas du tout! Considérant que je mets (si tout va bien) un quart d’heure à m’habiller en coureur du tour de France, à préparer mon sac avec des vêtements et chaussures de rechange, à remettre mon cyclomètre à zéro, puis que je mets une heure pour le trajet, pour enfin arriver au travail, prendre un autre quart d’heure (si tout va encore bien) pour prendre une douche et me changer, cela donne une heure et demie. Si je prends mon vélo « Slow bike ». je pars tous de suite, tel que vêtu, je mets une heure et demie de trajet et j’arrive au bureau où je commence à travailler… Et c’est l’occasion de m’obstiner avec mon fameux collègue compétiteur, sur le point de vue de l’efficacité cycliste.

Mais je dois vous laisser, j’arrive justement au boulot. Bonne journée!

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