mercredi 28 janvier 2009

Taliah Lempert




Comme dans de nombreuses villes du monde, la culture vélocipédique se transforme quelque fois en art et artistes et s'expose soit en galerie, soit en studio. New York n'y fait évidemment pas exception.

Taliah Lempert est une jeune artiste prolifique et extrêmement bien organisée, qui a élu domicile dans la ville phare, au troisième étage d'un loft, au pied du pont Williamsburg, à Brooklyn. Lorsqu'on y entre on sent immédiatement l'effervescence créative de l'artiste. Les murs sont couverts d'estampes, de peinture et de dessins.
Si l'admiration pour la petite reine ressemble peut-être à de l'obsession, il en résulte un travail en profondeur d'où jaillissent de nombreuses façons de traiter ce thème unique.

Pour avoir été elle-même cycliste sur piste et avoir fait de la compétition, Taliah Lempert, peut se targuer de connaître le vélo de fond en comble. C'est probablement pour cela qu'elle ne sombre jamais dans le kitsch ou la facilité. Ces peintures sont justes et senties.

Elle travail aussi sur commande. Des cyclistes apportent leur vélo afin de les faire poser. Il lui arrive même de recevoir des cartons de vélo de client à l'autre bout du pays. Elle les assemble et en tire le portrait.

Taliah adore New York. Le bouillonnement artistique de cette ville, ainsi que la cultuelle cycliste qu'on y retrouve sont pour elle une grande source d'inspiration. Elle vit dans cette mégalopole, elle n'a jamais eu de voiture et ne vit que par ces vélos!

Allez découvrir son travail sur : www.bicyclepaintings.com
taliah@bicyclepaintings.com

mardi 27 janvier 2009

Aller en vélo au travail serait rentable


Roue de bicyclette, 1913, Marcel Duchamps


Aller travailler à vélo c'est bon pour la santé, de toute évidence. Et par cette même évidence, il est profitable à un employeur que ses employés soient en santé, physique et mentale. Il est reconnu qu'une balade en vélo éveille les sens le matin et évacue le stress d'une journée de labeur le soir venu.
Mais parle-t-on de balade lorsqu'il s'agit de se déplacer dans un réseau urbain? Non, diront certains. Mais il y a moyen de faire de ce parcours travail-maison un moment de liberté et de recentrage de ses énergies. Il est question alors d'allouer le temps nécessaire au déplacement afin de ne pas avoir à rouler en fou pour arriver à l'heure.

Question de santé, en Hollande, on considère qu'un travailleur qui se rend régulièrement au travail en vélo est moins malade à raison d'un jour de moins par année en moyenne. En augmentant cette moyenne d'un pour cent, il pourrait s'agir alors de près de 27 millions d'Euros d'économie par an en jour de maladie.

Fort de ce constat, le gouvernement néerlandais a dégager un budget de 70 millions d'Euros pour encourager l'utilisation du vélo comme moyen de transport en améliorant, entre autres, les pistes cyclables, et en multipliant les stationnements de vélo.

Ah si seulement nous n'étions pas régis par l'idéologie nord-américaine de l'automobile à tout prix!

jeudi 22 janvier 2009

Comment s'approprier la ville


High Line Series (2000). Transformation d'une voie ferrée aérienne à Manhattan en parc linéaire.

EXPOSITION
Actions : comment s’approprier la ville
26 novembre 2008 - 19 avril 2009
CCA - Centre Canadien d'Architecture
1920, Baile, Mtl · (514) 939-7026

www.cca.qc.ca


extraits de l'article du Voir - 22 janvier 2009
Nicolas Mavrikakis

L'exposition Actions: comment s'approprier la ville nous dit que l'espace public est à réinventer. Une réflexion passionnante sur nos habitudes d'urbains.
...
C'est l'une des expos les plus intelligentes parmi celles présentées ces jours-ci. Si ce n'est déjà fait, précipitez-vous pour la voir. À pied, à cheval, en bicyclette, en skateboard ou tout autre moyen de transport écologique que vous pourrez trouver ou inventer.
...
Urban Repair Squad, de Toronto, a créé 5 km de pistes cyclables illicites dans la ville, fatigué d'attendre que les autorités agissent.

mardi 20 janvier 2009

Marie-Josèphe Vallée


Il y a des jours où rouler en vélo l'hiver, dans la tourmente des aléas météorologiques, est un vrai parcours du combattant. Vent, froid, manque de clarté, de visibilité... Et cette impression que le sol se dérobe sous les roues à tout moment...

En ayant vu les oeuvres de Marie-Josèphe Vallée, j'ai eu une pensée pour tous les mordus de la petite reine hivernale.

Marie-Josèphe Vallée est une artiste complexe, si l'on en juge par son site internet. Mais la force de ses images est indéniable. Mixture savante de photo et de peinture, d'illustration et de réflexion intense sur ce qui l'entoure, elle nous décrit un aspect particulièrement émotif de l'architecture sur l'environnement urbain.

à voir :
www.mariejosephevallee.qc.ca

samedi 17 janvier 2009

Le Grand Cycle



Le Grand Cycle
www.legrandcycle.com

C’est le 30 juin 1999 que débutèrent les premières opérations du Grand Cycle. Après avoir travaillé longtemps dans plusieurs ateliers de vélo, Bruno Lavergne dirige enfin son propre environnement.

Devant leur cappucino, assis au bar sur les bancs recyclés du Planet Hollywood, les clients peuvent voir s’exécuter la meilleure «mécanique-vélo live» en ville.

Que ce soit pour prendre un pause au milieu de sa journée au bureau ou pour régler quelques ennuis techniques avant la prochaine randonnée, Le Grand Cycle ne juge pas et accueil autant les parfaits incultes que les plus sérieux adepts.

Suivant la même philosophie, il est rare qu’un vélo soit refusé à l’atelier; tous devraient pouvoir obtenir des services mécaniques de qualité, que votre machine vous amène simplement au travail, ou sur les plus hautes marches des podiums!

Le Grand Cycle travaille beaucoup autour de la notion d’ambiance. Projection vidéo, musique inspirée, récit de la dernière journée de courrier à vélo; un style de vie bien désiré. Les «5 à 7» du 901 Cherrier donnent lieux à des échanges d’idées, des discussion engagées et des rencontres parmis les plus saines pour l’esprit (et pour le corps…).

LE GRAND CYCLE - L’ATELIER
901, Cherrier Est, Montréal (Québec)
H2L 1J1
Tél.: (514) 525-1414
Fax: (514) 522-1818
info@legrandcycle.com

vendredi 16 janvier 2009

Art et cadre de vélo (2)



Dario Pegoretti


Dario Pegoretti a largement contribué à ce que sont devenus les cadres de vélo de course modernes sur le plan technique. Il a profité d’une formation auprès de Gino Milani, la référence parmi les plus brillants constructeurs de cadre italiens dans les années 70. Plus tard, Pegoretti était le premier constructeur à réussir les soudures TIG sans colliers sur des tubes d’acier à faible épaisseur de paroi. Durant une longue période, il était le constructeur attitré de bon nombre de coureurs professionnels.
Bon, certains pourraient critiquer son éclectisme visuel. C'est vrai, graphiquement, il s'en va dans tous les sens. Mais il faut reconnaître son audace. Le monde du cyclisme de route, surtout de course, est un monde très conservateur. Toutefois, lorsque l'on sort de la clientèle de compétition, tout en restant dans le haut de gamme, on rencontre un autre groupe de cyclistes, ceux qu'ont appel, dans le milieu, les têtes blanches. Ce sont les "Baby boomers" amateurs de cyclisme, souvent des personnes de profession libérale, appréciant l'art et la bonne cuisine (l'un allant souvent avec l'autre!).

jeudi 15 janvier 2009

Madame Berthe, de Berthierville (2)

Madame Berthe de Berthierville, le mollet quelque peu endolori par sa dernière randonnée mouvementée, sortit de chez elle, son fier vélo bien en main. Pas de voisine jurée en vue, pas de regard scruteur inopportun, tout allait bien. Elle pouvait librement aller rouler sur les chemins ensoleillés. Elle s'étonna d'avoir plus de facilité qu'à l'habitude pour enfourcher sa monture, malgré ses muscles raides.

Ah, que la route était belle, que des arbres verts et le ciel bleu !...
Aucune côte ne dérangerait Madame Berthe ce jour-là.
Toutefois, au bout de quelques centaines de mètres, elle sentit ses cuisses chauffer outre mesure. Aucun vent, pourtant, ne lui faisait face, aucun faux-plat ne s'opposait à sa ligne de conduite. Mais ses cuisses semblaient pourtant forcer plus que d'ordinaire.

Sur un trottoir, le jeune Nicolas, 8 ans, pédalait avec ferveur sur son magnifique tricycle rouge "Radio-Flyer". 8 ans ? « Un peu trop grand pour ce petit tricycle, se dit Madame Berthe. » Le petit Nicolas pédalait les genoux sous le menton.

Soudain, leur regard se croisèrent. Le petit stoppa net, les bras et les jambes semblables à une grenouille tétanisée. Son petit regard noir était si intense qu'il troubla Madame Berthe. Celle-ci, hypnotisée par cet iris inquisiteur, faillit faire une embardée dans la haie de cèdre de Monsieur Constant, anciennement de Saint-Constant.
Celui-ci, le boyau d'arrosage pendouillant nonchalamment à la main, déversant un malingre et inutile filet d'eau sur son allée d'asphalte, fraîchement goudronnée au Superbouchtrou2000™, assista à la scène sans sourciller, sans même que la moindre pensée lui traverse l'esprit.

C'est alors que Madame Berthe se ravisa et évita de peu la haie verte, Pantone #3305C, coupée au millimètre par le Superkouptouara2000™. Madame Berthe se mit à rire. Un rire qui passa presqu'au fou rire. Monsieur Constant, dans sa constance légendaire garda la pose, toujours aussi passif et massif. Madame Berthe passa devant lui et continua à rire aux éclats. Le petit Nicolas n'avait, lui non plus, pas bougé d'un iota, subjugué par l'hilarité de cette vieille dame à bicyclette.

En fait, Madame Berthe riait d'elle-même, car elle avait compris, en voyant la pose batracienne du petit Nicolas, qu'elle avait dû lui ressembler tout au long de son parcours. En effet, la veille, à l'épicerie, suite aux judicieux conseils de son neveu, fier amateur de vélo, elle avait, pour la première fois, retiré la selle avec la tige de selle, de son bicycle pour ne pas se la faire dérobée. Mais elle ne l'avait pas remise à la même et bonne hauteur. C'est ainsi que Madame Berthe pédalait depuis ce matin, les genoux presque sous le menton, tout comme le petit Nicolas, ne permettant pas à ses jambes de bien s'épanouir dans la joie et l'allégresse de cette belle matinée d'été !
Elle s'arrêta donc, non sans peine, devant l'allée asphaltée, afin d'ajuster la hauteur de sa selle. Pour sa part, Monsieur Constant, incrédule devant tant d'action, ne s'aperçu pas que le rire de Madame Berthe venait de changer de source. Madame Berthe regardait Monsieur Constant s'arroser les pieds depuis plusieurs secondes.

Je dédie ce texte à toutes les personnes que je vois forcer pour rien à cause d'une selle trop basse, le long de mon parcours maison-bureau.

De la série : "les aventures de Madame Berthe de Berthieville"
Madame Berthe de Berthieville (1)

mercredi 14 janvier 2009

Art et cadre de vélo

Il y a deux ans, j'ai travaillé sur un premier projet de cadre artistique qui s'adressait aux mordus de vélo de montagne (Maadh 07). En fait, pas du tout la clientèle qui fréquente les galeries d'art! Pourtant la réception de ces cadres a été excellente. Nous avons donc réitéré l'expérience pour 2008 (Maadh 08) et 2009.


Opus Maadh 09 www.opusbike.com


Vois les voiles
acrylique sur toile - 1991 - 48
" x 36" (121,9cm x 91,4 cm)
série "Mécaniques" www.alec5.com


Opus Maadh 08 www.opusbike.com

La technique est un transfert photographique d'un montage d'éléments de l'image d'une de mes toiles (ci-dessous), sur une micro-pellicule, appliqué en décalcomanie puis recouvert d'un vernis satiné et cuit au four.

C'est le mariage de mes deux centres d'intérêt, le design et la peinture. Lorsqu'Opus m'a proposé d'habiller ses cadres de vélos de montagne, j'ai tout d'abord pensé qu'il serait difficile de transférer une toile en deux dimensions, d'un certain format, sur des tubes ronds n'offrant que peu de surfaces d'impression. Mais en considérant l'ensemble du cadre et en faisant abstraction des "vides", je me suis vite rendu compte que le résultat pouvait parfaitement fonctionner. Bien sûr, il ne s'agit pas de la toile complète, mais d'une recomposition à partir de quelques extraits. Le Maadh 08 est la seconde expérience et je suis très content du résultat. La qualité d'impression à permis de bien reproduire l'essence même de la toile.

à lire aussi :
http://alecart.blogspot.com/search/label/Opus


Le savant fou
acrylique sur toile - 1991 - 36" x 48" (61,0 cm x 121,9 cm)

série "Mécanique" www.alec5.com





Opus Maadh 07 www.opusbike.com


Carcasse pour le vent
acrylique sur toile - 1991 - 48" x 22" (121,9 cm x 55,9 cm)

www.alec5.com

lundi 12 janvier 2009

Vélos urbains



Si la tendance se maintien... comme disait l'autre.
La tendance à la crise économique? Non, tôt ou tard, l'engrenage économique va se huiler à nouveau et retrouver sa cadence, c'est immanquable. La tendance écologique? Oui, peut-être un peu, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire.
Non, en fait je parlerais plutôt du fait que si la tendance des nouveaux comportements urbains pouvait se maintenir, c'est-à-dire l'augmentation de l'utilisation du vélo en réaction aux coûts de carburant, et même si ceux-là se sont actuellement abaissés, et bien je pense que nous pourrions croire que nous sommes dans la bonne direction, nous pourrions croire à une amélioration de notre qualité de vie, autant personnelle en termes de santé, qu'en termes d'environnement.
Car il ne suffit pas de faire des beaux discours, mais d'intégrer de façon très naturelle à nos habitudes un style de vie adapté et responsable.
On le voit dans la quantité de matière recyclable qui arrive dans les centres de triage. Il semblerait que ces derniers ont de la difficulté à subvenir aux besoins. Bon, mais là il faudrait aussi se poser la question à savoir pourquoi tout à coup ces centres de triage sont débordés. Les gens recyclent, c'est bien. Mais il y a trop de choses à recycler. Il y a donc un problème en amont. Trop d'emballages.

Mais revenons à nos moutons, heu... à nos vélos!
Afin de maintenir cette tendance à l'utilisation du vélo en ville pour les trajets cours (épicerie, travail, etc.) il faut aussi rendre le véhicule pratique et sympathique. Et c'est justement la raison d'être des vélos "Urbanista". On a voulu se faire plaisir et faire plaisir aux autres en créant des vélos "cool", sans pour autant en faire des "grosses Bertha" intransportables et inabordables. Le Classico ne pèse que 30,5 lb grâce à son cadre d'aluminium 6061. Se détaillant à 560 $* il est de surcroît très abordable compte tenu de son équipement (garde-boue, garde-chaîne, béquille).

Mais il n'y a pas que le Classico. Il y a le Cervin avec les mêmes caractéristiques et, surtout son style unique... Bref, ces vélos représentent avant tout la tendance urbaine "stylée" pour Opus. Nous allons évidemment agrandir la gamme "Urbanista" car, suivant les réactions et le succès de ces vélos, nous croyons beaucoup à cette gamme.

En fait, il s'agit là, non seulement de répondre à une tendance, mais aussi d'offrir quelque chose qui puisse la maintenir à long terme.
Rouler sur un bon vélo c'est une chose, on n'en demande pas moins. Mais rouler sur un vélo qui satisfait notre plaisir là où on ne s'y attend pas, c'est encore mieux. On a tellement souvent entendu la phrase : « Oui, oui, j'ai un vélo, mais il est au fond du garage! », que l'on s'est donné comme mission de procurer l'envie de mettre le vélo à proximité, près pour une utilisation inopinée, spontanée, voire instinctive. Que cela devienne un réflexe naturel, que l'on puisse se dire enfin : « Oui, oui, j'ai une voiture, mais elle est au fond du garage! ».

* Prix de détail suggéré.

samedi 10 janvier 2009

Rouler mollo vers le boulot

Se rendre au travail en vélo dépend beaucoup du type de vélo que l'on choisi.
Avec un vélo de route de compétition, j'avoue qu'il est difficile de rouler tranquille. Stimulé par ma monture performante, j'ai plutôt tendance à rouler vite et fort. Je fais le parcours d'allée en une heure. L'arrivée au boulot se fait en sueur et en souffle haletant, et je mets plus de temps à m'acclimater à l'ambiance plutôt feutrée du bureau.

En choisissant mon vélo urbain performance, le parcours est "presque" aussi facile qu'avec mon vélo de compétition, la stabilité (guidon droit), la visibilité de la position plus relevée et la force de freinage en plus. Je roule plus calmement. Ok, ok, je mets plus de temps, près d'une heure et quart. Mais j'arrive au bureau beaucoup plus frais et dispos pour entamer ma journée de création de vélo!

J'ai très hâte de faire le parcours avec un vélo de type "Urbanista", notre Cervin 09
— Un quoi?
Un navetteur, un vélo "cool" fait pour les déplacements "cool", un vélo "sympathique" fait pour le plaisir de rouler. Bon, je mettrais peut-être une heure et demie au lieu d'une heure pour me rendre à mon travail, mais c'est une heure et demie de plaisir et surtout une heure et demie garantie. En voiture, il suffit d'un fragile détail (une panne, un accident, des travaux, la pluie, même le beau temps!) pour que les 40 minutes que me prend le parcours se transforme en heure, voire en plusieurs heures. Et ce genre de "détail" arrive très très souvent. C'est une vraie loterie quotidienne.

Bien sûr, pour se permettre de rouler mollo, il faut pouvoir gérer son temps de départ le matin, afin d'arriver à l'heure au bureau. Mais on se rend compte que ce n'est pas si compliqué et que, de toute façon, avec le trafic automobile qui ne cesse d'augmenter, on arrive de plus en plus en retard.

Plus je fais ce trajet en vélo, plus je découvre que prendre un peu plus de temps et de rouler tranquillement fait de ce déplacement quotidien un havre de paix, une mise en forme sans forcer et une véritable zone de décantation de la journée lors du retour. Et ça, c'est important ! Prendre le temps de vivre quoi ! Aussi le fait de rouler plus tranquillement fait en sorte que cela ne se transforme pas en corvée. Il est alors plus facile de le faire tous les jours. Bien sûr, avec le beau temps, c'est encore plus facile !
En fait, j'ai compris que je troque maintenant le coût de l'essence contre le goût de mes sens !

jeudi 8 janvier 2009

Madame Berthe, de Berthierville

Madame Berthe, de Berthierville, enfourcha sa valeureuse monture de 35 livres, par une radieuse matinée d'été, alors que le canal météo avait annoncé une journée ensoleillée, avec possibilité d'averses légères ou d'orages violents, risque de grêle, maximum 32 degrés, humidex 44 degrés, mais aussi, gel au sol en soirée... Bref comme d'habitude!

Elle était heureuse madame Berthe. Elle se sentait avoir des ailes... En tout cas, les ailes de son vélo vibraient et grincaient de tous bords tous côtés. Elle se sentait légère car un vent bienveillant la poussait tranquillement, retournant de temps à autre les larges rebords de son chapeau, presque jusque sur ses yeux gris-bleu.
Le fleuve était radieux de ses reflets miroitants. Madame Berthe clignait ses petits yeux, quelque peu agacés par la lumière de l'eau, mais elle faisait mine que rien ne pouvait la distraire de son bonheur présent.
Ah! La bicyclette! Cette petite reine donnerait toujours vingt ans à madame Berthe, qui les avait laissés sur la route, il y avait bien longtemps déjà. Elle regardait le ciel bleu, les nuages, les arbres...

Sans que cela ne paraisse, à l'horizon se tramait un drame! Le drame de madame Berthe! Car d'horizon il y avait défaut. Un défaut de taille. Non, ce n'était pas la courbure de la terre, ni celui du temps (quoique, dans ce cas, elle aurait bien fait l'affaire de madame Berthe). Non cette distorsion de la béatitude présente était une côte!
Le regard gris-bleu de madame Berthe s'assombrit. On aurait pu presque entendre une musique d'Ennio Morricone. Face à elle, la côte se rapprochait. Et dans son rapprochement, elle semblait se dresser de plus belle.
«Oh, pas de quoi poser le pied!» se dit-elle avec assurance.

Madamde Berthe pédalait calmement, se rapprochant inexorablement de son adversaire.
De façon presque imperceptible, l'oreille interne de madame Berthe décèla une variation. Quelques années plus tôt, et la cire en moins, elle aurait su qu'il était grand temps de baisser de vitesse sur son dérailleur et de pédaler plus rapidement pour ne pas forcer. Mais madame Berthe est une femme vaillante. Elle en a vu d'autres! Deux guerres, trois maris et... beaucoup d'enfants! Ça vous forge un caractère ça, monsieur!

Le vent semblait l'avoir abandonné. En fait, il ne suffisait plus à la tâche. La côte se déclarait sérieuse. Mais madame Berthe ne changa pas de vitesse et moulinait toujours aussi lentement. Isaac Newton l'aurait probablement conseillé sur son allure... Non, je ne parle pas de sa robe à pois verts et oranges sur fond bleu poudre, je parle de sa vitesse d'ascension qui, handicapée par un effort de compensation à l'inclinaison, mesurée en watts, multipliée par la racine carrée de l'hypoténuse du triangle rectangle que représente cette côte... (acétaminophène quelqu'un? Ah, merci, ça va mieux!).
Mais madame Berthe s'entêtait et forcait de plus en plus sur ses pédales, dans un mouvement si lent qu'on aurait probablement renvoyé l'opérateur-projectionniste pour manque de respect en vers l'oeuvre présentée. Car il s'agissait bien là d'une oeuvre. L'oeuvre du temps et de la raison. Un drame qui finit toujours à pieds.

Et, suintante de tous pores tous côtés, la fierté balafrée, madame Berthe, depuis 1 seconde et 24 dixième en équilibre statique sur son vélo, sentait ses ressources l'abandonner, particulièrement sa fameuse oreille interne qui ne lui permettait plus de jouer les funambules à son âge. Elle fut alors contrainte de... de... poser le pied!

Madame Jeanne de Matane, partie un peu plus tard, un peu plus vite, avait assisté de loin au drame de madame Berthe. En voyant sa voisine jurée, échouer son examen de topologie et de physique fondamentale, elle sentit une certaine pression à ne pas faillir à son tour face à ce monticule routier.
Mais en fait de tour, elle en avait un excellent dans son sac. Si son neveu, amateur de cross-country, ne le lui avait pas transmis (admirant le fait que sa tante puisse encore pratiquer le deux-roues), elle n'aurait pas eu cette incommensurable confiance face à l'inexorable adversité de la pente ascendante.

Elle commença par "descendre" ses vitesses afin de réduire l'effort. Puis, jugeant l'ensemble de la côte, elle s'imagina à son sommet et pu poser un pronostique sur son état physique à l'issue de cette formidable ascension. Alors, sachant qu'elle ne voulait pas encore changer de stimulateur cardiaque cette année, elle entama la côte calmement, pédalant moyennement, régulièrement et, surtout, sans effort.
Ainsi, elle grimpa, progressivement mais sûrement, jusqu'à arriver à la hauteur de madame Berthe qui fulminait en sourdine essoufflée. Lui adressant le plus charmant des sourires plastique et botoxé, madame Jeanne continua son périple sans modifier son allure (Non, non! Je ne parle pas de son chemisier turquoise à motifs western et de ses pantalons brun uni, coupe carotte).
Madame Berthe ne la quitta pas des yeux, priant tous les Saints qu'elle connaissait (et elle en connaissait un botin) pour que la chose arrive. Mais la chose n'arriva pas, au contraire, c'est madame Jeanne qui arriva saine et sauve au sommet de son Kilimanjaro personnel.
Mais lorsque madame Jeanne, finalement, se retourna, elle vit la silhouette de madame Berthe, filante à vive allure au bas de la côte.

Il faut dire que ce jour-là, si madame Berthe avait eu un cyclomètre sur sa bicyclette, elle aurait compris pourquoi l'agent Tremblay, posté en bas de la côte, lui avait donné un pouce admiratif en tentant de lui montrer le chiffre sur son radar à mains.

Je dédie ce texte à toutes les personnes que je vois forcer pour rien, le long de mon parcours maison-bureau.