mercredi 30 juin 2010

Le Cervin : La "Jeep" élégante de la gamme Urbanista


Opus Cervin 2010

On me pose souvent la question sur l'origine de l'inspiration pour la création d'un vélo, et spécialement ceux de la gamme Urbanista. J'avais déjà écrit un billet à ce sujet.
Mais, ce matin, m'en allant sur mon fidèle Cervin, me faisant ballotter par les cahots du si bel asphalte de nos belles rues de la métropole, rebondissant quelques fois sur ma selle, il y a une image qui a ressurgi dans mon esprit : Avec sa couleur et son fini de peinture si particulier, avec ses jantes et pneus noirs, avec ses gros tubes, ses ailes et son porte-bagages agencés au même coloris, je me souviens à quel véhicule j'avais pensé lors de sa conception : La Willys, version "désert" (plus communément appelé à tort et à raison* Jeep).

Le véhicule passe-partout, ayant, malgré ses fonctions, un capital de sympathie indéniable. On le voit évoluer dans certains reportages d'époque, brassant sans vergogne son équipage, se jouant de tout obstacle.
Le Cervin a ces qualités. Il fait tourner les têtes et décrocher certains sourires de sympathie. Il est passe-partout et efficace. Seuls écarts au concept "rude" de la Willys d'époque, les accents de cuire sur les poignées et la selle, qui lui confèrent une certaine élégance classique. Bon transporteur, avec son porte-bagages à tubes massifs, le Cervin n'a jamais rechigné à supporter les lourdes sacoches que j'ai pu lui confier, même remplies à ras bord par de généreuses emplettes.

Pour la forme, je me suis amusé à les peser une fois : 25 lb par sacoches. Mais ce vélo ne semble pas souffrir de l'excès de poids. Ok, ok, c'est un peu poussé! Mais j'aime tester les choses à leur extrême. Ça me donne plus confiance, après coup, en ladite machine. Et puis... Il y a une certaine fierté à avoir conçu, avec toute l'équipe d'Opus, un bon vélo!

photo : Willys MB Désert 1943
*Histoire de la Jeep : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeep

lundi 28 juin 2010

Le fixe et le rebel

Je dois l'avouer, je ne suis pas un adepte des vélos à pignon fixe (Fixie). Enfin, je veux dire "pas un connaisseur" mais plutôt un admirateur de ces vélos, en tant que designer, car ce sont souvent de très beaux objets.
Ma curiosité l'emportant, et aussi une bonne part d'inconscience face à la nouveauté, ce qui m'a valu quelques aventures... intéressantes, il m'est arrivé de vouloir tester la chose fixe.
La dernière fois que cela est arrivé était tout récemment, lors d'une soirée avec un ami qui, voyant mon vélo à l'allure rebelle, mon Jura, m'a lancé une invitation à l'échangisme vélocipédique. Ah!? Bon! Nous nous sommes donc passés pour la soirée nos vélos respectifs.

Ouch! Un pignon fixe! Lorsqu'on n'est pas habitué, la chose vous fait décoller de votre selle dès la première tentative d'arrêt, car le pédalier, lui, ne s'arrête pas. « Me voilà au Cirque du Soleil! » me suis-je dit car point de roue libre salvatrice et bienveillante pour me soulager de l'entraînement inertiel. On est très proche du vélo de piste, autant celui de l'anneau de bois que celui du cercle sous chapiteau. Par réflexe de cycliste, ou par égo (!), j'essayais de dompter la bête, tant elle était fougueuse et homogène. Mais il faut se rappeler que ce n'est qu'une mécanique à l'objectivité impitoyable. Et c'est moi qui me suis retrouvé pitoyable à vouloir freiner selon mes standards et mes réflexes... Par chance, ce Fixie n'était pas des plus puristes et avait tout de même des freins. Oui, oui, les "vrais" Fixie n'ont non seulement pas de roue libre, mais pas de freins non plus. C'est visuellement très "clean", mais passablement casse-gueule!
Ok! On oublie tout et on recommence!

La sensation de la transmission directe, sans compromis, est vraiment quelque chose à découvrir! D'ailleurs, il faut se rappeler que dans un passé pas si lointain, le vélo ne connaissait ni la roue libre ni, a fortiori, les vitesses! Même, lorsque ces éléments sont arrivés progressivement, les puristes de la petite reine ont crié à la tricherie par utilisation de technologie déloyale favorisant les athlètes. C'est fou quand même comme chaque étape du progrès dérange. Mais ceci est un autre débat.

La question existentielle que je pose est : Pourquoi rejeter ce qui a été inventé pour le bien du cycliste, soit la roue libre et les freins? Au nom de la différence? De la mode? Des tendances? Il est vrai qu'à ce titre on peut voir toutes sortes d'aberrations, que ce soit en habillements, évidemment ou ailleurs... Ok, un autre débat encore!

Bref! Que le vélo soit en vitesse unique, passe encore! Et même, je dirais qu'en ville, avec un bon ratio pignon-plateau, le concept est vraiment bien adapté. Cela offre un vélo simple et très design, délesté physiquement et visuellement de câblages, de mécanismes et autres quincailleries. Pur, quoi!

Quoi qu'il en soit, j'ai découvert des sensations nouvelles avec ce vélo. Et mon âme de gamin a vite ressurgit et prit le dessus. Petites accélérations dynamiques, regards furtifs, "zigonnages" urbains et autres feintes créatives. La manœuvrabilité et la légèreté de ce vélo étaient rafraîchissantes.
Et que dire de mon ami sur mon vélo. Il avait le sourire accroché jusqu'aux oreilles. À tel point, qu'a la fin de la soirée, il m'a demandé s'il pouvait le garder... pour une semaine! « Prends mon Fixie, je garde le tien! ». « T'es fou!? ». Il faut dire que je suis très, très attaché à mon nouveau destrier. Rien à voir avec un Fixie. Vitesses, freins... Aah! Beaucoup plus tranquille! Pas un "Cruiser" non plus, même s'il en a un peu l'allure. Avec sa dégaine "cool" et rebelle à la fois, il a quand même une géométrie performante qui permet de bien pédaler, avec efficacité.
Je m'en suis donc retourné chez nous avec mon Jura, à travers les petites rues printanières et nocturnes de Montréal, à une toute autre cadence qu'avec le Fixie, beaucoup plus "Slow Bike", humant le temps qui passe, écoutant le vrombissement la ville et les furtives scènes émanent des fenêtres ouvertes d'appartements du Plateau.

Je peux maintenant comprendre, partiellement, l'engouement pour les vélos à pignon fixe. Cela donne un vélo en totale harmonie avec un certain aspect de l'urbanité : Fougue créative, rythme trépidant, risques assumés, individualité affirmée.

lundi 21 juin 2010

Réincarnation


photos : Alec

Il fût un temps, dans une autre vie, je roulais sur une vieille Honda CB750 de 1974. Une merveilleuse machine issue d'une époque où l'on faisait les choses différemment, avec une réflexion plus posée, avec un souci du détail, du design et de l'uniformité mécanique (il était possible de pratiquement démonter toute la moto avec deux ou trois clés seulement). Elle avait une certaine sensualité, des rondeurs autant visuelles que sonores... Rien de criard, tout en velouté! Son cuir, son métal, sa couleur argentée et rouge, sa conduite fluide, sa force tranquille... Ah! Que d'agréables souvenirs!

Puis les années sont passées et j'ai délaissé le moteur à combustion pour me consacrer corps et âme à la propulsion humaine.
Et voilà que 10 ans après avoir dessiné le premier vélo Opus (le Toccata qui, soit dit en passant pour l'anecdote, reprenait les couleurs de ma Honda) avec Stéphane Le Beau, l'expert du vélo de route, je retrouve avec le Jura l'âme profonde de ma vieille moto d'époque.

En roulant, la vue du large pneu avant, du frein à disque, du style courbé et rétro du guidon, de la tendre courbure du tube supérieur et de la couleur argentée tirant sur le titane, j'ai vraiment l'impression de retrouver celle qui a fait mes beaux jours estivaux durant tant d'années. C'est pour ainsi dire, sa réincarnation!!

Ce qui me séduit le plus de ce vélo, hormis son style évidemment (!), c'est sa mécanique. Les vitesses internes sont si précises et si douces que c'est un charme de changer de vitesse tout le temps! Et quel silence! Du fait que la chaîne n'a pas à se déplacer et à fonctionner quelquefois en S, on ne l'entends plus.

Bien sûr, le Jura n'a pas une position la position de conduite que l'on retrouve sur les autres vélos de la gamme Urbanista : la position relevée, ce qui est la clé du concept des Urbanista. Il a plutôt le style de conduite d'une moto "Cafe Racer". Pour un vélo, cela se rapproche de la position de vélo de montagne. Cela donne plus de puissance pour le pédalage. Cette position étant plus dynamique, on aura tendance à "ouvrir la machine" plus souvent, c'est-à-dire faire des accélérations sporadiques, emporté par un esprit juvénile soudain! Bref, on aura tendance à vouloir s'amuser.

Mais il est toutefois possible de remonter la potence dans l'autre sens. Ainsi on retrouve la position des autres Urbanista, car il s'agit de la même potence et du même guidon. Simple choix de montage!




• Cadre de style classique en aluminium 6061
• Fourche Ora en Cr-Mo
• Moyeu Shimano inter 7 avec 7 vitesses intégrées
• Frein Shimano Roller Brake arrière
• Frein Tektro Novela à disque avant
• Pédalier Pro A136 A-Drive à simple plateau
• Selle Ora Voyage
• Protecteur de tube et béquille inclus

mardi 15 juin 2010

Où en est le vélo urbain ? - Dumoulin Bicyclettes


Opus Nuovella
photo : Alec

Voici la première d'une série d'entrevues d'intervenants dans le domaine du vélo urbain à Montréal.

Jean Lecompte
et Étienne Roy-Corbeil sont les jeunes propriétaires de Dumoulin Bicyclettes. Ayant travaillé tous deux dans cette boutique durant des années, ils décident d'unir leurs efforts et de racheter le magasin en 2005. Ils remanient l'orientation de la boutique en se spécialisant en vélos urbains, et particulièrement en vélos pliants.

Nous leur avons posé les mêmes questions qu'aux autres détaillants de la métropole afin d'avoir une vue d'ensemble du vélo urbain.

Q : Selon vous, où en est le vélo urbain?

R : Jean : Attend un peu, je vais dehors pour répondre, plus inspirant que mon bureau sans fenêtre...
D'un point de vue strictement local, je constate que Montréal est sur la bonne voie en ce qui concerne le vélo, particulièrement le vélo urbain. Plus d'aménagements cyclables, plus de vélos dans les rues, c'est beau à voir. Par contre, on est loin d'avoir atteint un niveau satisfaisant. Trop de gens se déplacent en auto. Si je me rappelle correctement les statistiques, environ 50% des déplacements faits en auto ont moins de 8 km. 8 km à vélo, c'est 20 minutes, ou 30 si on prend ça relax. Dans cette optique, facile de réduire son utilisation de la voiture. Pour la banlieue, je connais peu ce marché, mais j'ai de forts doutes quant à l'utilisation d'un vélo au quotidien. Là, je ne parle pas de rouler le dimanche quand il fait beau, je parle d'utiliser le vélo comme moyen de transport primaire.
Au niveau des infrastructures, j'aimerais penser que le vélo ne demande rien d'autre que lui-même, mais force est de constater que d'avoir certaines infrastructures facilite les choses. Par exemple, êtes-vous allé au Marché Central? À peu près rien n'est conçu pour les vélos. Pour aller dans un grand magasin tel Future Shop, on doit chercher un chemin sécuritaire (avoir des enfants, je serais inquiets de les savoir aller là-bas!), on doit trouver, souvent sans succès, un endroit adéquat pour barrer notre vélo. On me répond que peu de cyclistes fréquentent cet endroit. Peut-être, mais avec l'aménagement qui a été fait, ce n'est pas surprenant!
Donc beaucoup de chemin a été fait, merci entre autres à Claire Morissette et Robert Silverman du Monde à Bicyclette, mais beaucoup de chemin reste à faire.

Q : À quoi ressemble le cycliste urbain?

R : Disons à quelqu'un qui arrive au travail en forme, réveillé, qui n'a pas besoin de perdre son temps en face d'un miroir dans un gym à se regarder courir sur un tapis roulant, qui peut se permettre de travailler 4 jours/sem s’il le désire, car il n'a pas à investir (non, mauvais terme, à dépenser) 5000-6000$/an pour une voiture, pour qui son temps de trajet n'est pas proportionnel au trafic rencontré.
En fait, je crois que le cycliste urbain est celui qui est convaincu de la logique et de la pertinence de son moyen de locomotion.

Q : D'un point de vue culturel, à quoi ressemble le cycliste urbain?

R : ?

Q : Y a-t-il des catégories de cyclistes urbains?

R : Oui, qui sont, je dirais, proportionnelles à l'utilisation du vélo. Donc les convaincus, faisant du vélo 365 jours/année, ceux que seule la neige arrête, et finalement ceux qui sont découragés à la première pluie. Il est à noter que j'admire tous ceux utilisant le vélo comme moyen de transport, peu importe la raison, peu importe dans quelle catégorie ils sont. L'important est avant tout de s'amuser et d'être à l'aise. Alors si on aime davantage prendre le métro, c'est tout aussi correct, mais il faut avoir essayé au préalable le vélo pendant quelques mois par contre!!!

Q : Quelles sont les préoccupations premières du cycliste urbain?

R : Avoir du plaisir!
Sérieusement, c'est le vol de vélo.

Q : Quelles sont ses appréhensions face à la pratique du vélo en ville?

R : Comment les voitures vont se comporter autour de nous, les accidents. Personnellement, je n'ai que très rarement des problèmes avec les automobilistes.
On entend aussi souvent des gens qui ne veulent pas avoir chaud avant d'arriver au travail. Muni d'une sacoche, on peut tout simplement y déposer son chandail quand on commence à suer. Je vais à l'école à vélo (7 km) et je n'ai aucun problème de ce type. Quand il pleut beaucoup, j'y vais à métro, je suis paresseux et ne veux pas traîner manteau, pantalon, etc...

Q : Les médias font souvent référence au nombre de vols de vélos en ville. Selon vous qui vivez sur le terrain, les probabilités sont-elles si élevées?

R : Oui! Mais assez facile à diminuer radicalement. C'est pas compliqué, pour garder son vélo, il faut un New York lock, un Abus série Granite, ou un équivalent. Je ne connais quasi personne s'étant fait voler un vélo avec un cadenas de cette qualité. On n’a pas la mentalité de payer 100$ + pour un cadenas, mais il faut ce qu'il faut. J'ai un vélo de plus de 1000$ continuellement barré à l'extérieur et je dors sur mes 2 oreilles. Une à la fois en fait.

Q : Que conseillez-vous au cycliste afin de bien protéger son vélo?

R : Voir plus haut! Aussi les Pin-Head, cette sorte de déblocage rapide qui a besoin d'une clé. Votre selle + 2 roues + fourche resteront où elles sont!

Q : Il y a des villes mythiques pour le cyclisme urbain, tel qu'Amsterdam, Copenhague, Tucson, Portland. Montréal peut-elle devenir une ville de vélo?

R : Même avec un aménagement adéquat, il y a un facteur qui prendra encore plus de temps à changer : les automobilistes. On se déplace de 150 km, soit Trois-Rivières, et il y a déjà une bonne différence de comportement sur la route. La courtoisie peut être longue à apprendre... (mais je dois avouer que ça fonctionne dans les 2 sens, les cyclistes, y compris moi, ne suivent pas tellement les règles de la route. Probablement qu'on choquerait moins les automobilistes si nous modifions aussi notre conduite!)

Q : Le vélo libre-service est-il un atout ou un handicape pour un magasin de vélo?

R : Ça dépend du marché. Si un magasin vit de la location de vélo, il doit probablement être furieux contre les Bixi, mais nous voyons d'un bon oeil ce système de vélo libre-service. En plus de ne pas trop affecter les ventes de vélo neuf, il met plus de vélo sur les routes, ainsi que dans les médias, ce qui est parfait! En plus, il dépanne quand notre vélo est en réparation ou à la sortie d'un bar quand on veut prendre l'air :-)


Dumoulin bicyclette
651 villeray E., Montréal, H2R 1H9
514 272-5834
www.dumoulinbicyclettes.com
info@dumoulinbicylettes.com

Carte

mercredi 9 juin 2010

Suggestion pour la balade du BAC (Bicycle, Art et Culture)

Suggestion pour la balade du BAC du vendredi 11 juin

Les 15 ans de Nuit Blanche sur Tableau Noir
Sous le signe de la fête !

Pour marquer sa 15e édition, qui se déroulera du 10 au 13 juin prochain sur l’avenue du Mont-Royal, l’événement Nuit Blanche sur Tableau Noir proposera une programmation éclatée autour du thème de « La Fête ».

www.tableaunoir.com

Rendez-vous devant le Théâtre Outremont,
1240 avenue Bernard,
(coin avenue Champagneur) à Outremont, à 19h00.
L'événement sur Facebook

Balades de soir en vélo, informelles, vagabondes et spontanées, pour les adeptes de "Slow Bike". C'est l'occasion de se rencontrer, de rouler tranquillement en jasant de vélo, d'art et de culture dans les rues d'Outremont, du Mile-End, du Plateau ou d'ailleurs, et d'aller voir des expositions ou des spectacles en cours de route. Le tout peut se conclure par un verre sur une terrasse! Bref, prendre ça "slow".

Parcours et destination selon l'inspiration ou les suggestions du moment.
Si vous avez des suggestions, n'hésitez pas à les proposer en écrivant un commentaire.

mardi 8 juin 2010

Le cyclisme judéo-chrétien


photo : Alec

Je sais que je ne me ferais pas que des amis avec ce billet, mais j'ai eu une drôle de pensée face au Tour de l'Île de cette année. Voici que plus de vingt mille cyclistes ont affronté avec bravoure dame nature, selon les termes très appropriés des médias. Des cyclistes transits de froid, mouillés jusqu'aux os avec un seul but en tête, une seule pensée, une seule vision motivante : « L'arrivée! ».
Fiers d'avoir souffert durant cinquante kilomètres, fiers de n'avoir jamais lâché malgré la pluie, le vent, les couleurs ternes du ciel, la fatigue grandissante, ou même l'insoutenable envie de pisser!

Faut-il parcourir le Golgotha pour avoir du plaisir? Et d'ailleurs, est-ce vraiment du plaisir? Bon, je sais (et j'en ai été), il y a ceux qui aiment que cela soit rude pour se sentir plus vivant encore. Mais n'est-ce pas là une façon de penser judéo-chrétienne qui valorise le martyre comme tribu à payer afin d'atteindre la rédemption? Quoi? Faut-il se faire pardonner le fait d'aimer avoir du plaisir? Pour bon nombre, c'est encore très ancré dans leur conscience. Mais n'est-on pas sorti de la grande noirceur? Enfin... Dimanche, c'était encore la noirceur pour beaucoup.

Est-ce que l'un des vingt mille cyclistes se souvient avoir profité du parcours pour regarder la ville sous un nouvel angle, libre de voiture, remarquer l'architecture hétéroclite de Montréal et ses innombrables subtilités, observer les couleurs et le graphisme urbain, les arbres, les fontaines et les sculptures, les gens qui passent, leurs regards, leurs enfants, la vie quoi? Peut-être. J'avoue que, dans de telles conditions atmosphérique, il est difficile d'avoir la même sérénité que lors d'un soleil radieux, d'une chaleur douce et de couleurs éclatantes.

Alors je me dis que pour faire aimer le vélo au plus grand nombre, particulièrement à ceux qui n'ont jamais enfourché un cadre, pour qui le moindre effort est déjà de trop, je ne sais pas si de leur montrer qu'il faut souffrir pour avoir du plaisir est la meilleure voie de communication. Je me demande si ce ne sont pas les médias, préférant l'angle dramatique de toutes choses, qui nous influence dans la façon de décrire nos expériences.

Je préfères dire aux gens qu'il y a un autre monde qui n'a rien à voir avec ce qu'on leur dit à longueur d'année dans les médias, qu'il n'y a pas que l'effort, la performance, la glorification de la souffrance, qu'il n'y a pas que les cyclistes happés, écrasés, martyres de la sainte voie automobile, qu'il n'y a pas que les vols de vélos (il y a aussi les vols d'autos!), qu'il n'y a pas que la circulation, la congestion, le smog (il y aussi le rhum, les allergies...! Je rigole!). En deux mots, il y a aussi le "Slow Bike".
Pourquoi souffrir lorsqu'on peut sourire?

Mettre la pédale douce. Voilà l'expression consacrée. La douceur, même sous la pluie. Car moindrement équipé, un simple crachin ne gène en rien la balade en vélo. Et s'il s'agit d'une pluie battante, pourquoi ne pas faire une pause dans un petit café sympathique? Et s'il n'y a pas de café sympathique? C'est que vous n'êtes plus en ville! Ou bien simplement pas du coin. Mais si vous avez l'habitude de circuler en vélo en ville, vous êtes alors de tous les coins, car vous aurez bien plus facilement remarqué, lors de vos multiples déplacements, les restaurants, les terrasses et les cafés agréables, bien mieux qu'en voiture.

Les voix du cyclisme ne sont pas impénétrables, et surtout pas imperméables!! Amen!

lundi 7 juin 2010

Bonjour, je suis un PC. Bonjour, je suis un Mac!

Me voilà de retour de deux semaines à Paris. Je pensais trouver un accès internet dans l'appartement parisien, mais rien! Voilà la raison pour laquelle je n'ai rien publié depuis ce temps. Bref, voilà pour la petite histoire.
La grande histoire, elle, est à tous les coins de rue dans cette ville magnifique, grouillante, effervescente, voire un peu agressive, et pas seulement par les Parisiens eux-mêmes. Agressive par sa circulation. C'était à croire qu'à chaque feu vert, les automobilistes et conducteurs de scooters se pensaient au départ d'un grand prix de formule 1. Que de vacarme pour pas grand-chose!

Je me suis alors demandé comment le cycliste ordinaire pouvait se sentir au milieu d'une telle jungle sonore et cinétique. Je me voyais mal appliquer le "Slow Bike" dans ce brouhaha! Mais à voir les visages relativement sereins des cyclistes, j'ai vite compris que l'homovélocipédique est capable de s'adapter à son environnement quel qu'il soit.

J'ai constaté alors qu'il existait de nombreuses voies désignées, protégées, sécurisées pour le pourcentage de personnes ayant choisi la bicyclette pour se déplacer dans Paris. Que ce soit de larges sections empruntées sur les trottoirs, ou des voies partagées hors circulation. Bon, ces voies-là, il faut les partager avec les autobus et les taxis... Pas toujours très rassurant.

Mais dans l'ensemble, les grands boulevards sont très praticables. Le problème, il m'a semblé, est bien plus dans les petites rues étroites où l'on se fait frôler par des Fangio et Schumacher de ce monde.

Et que dire du Velib? Omniprésent! Alors là, ça roule! Il n'y a pas de doute. Il faut dire que le système est implanté depuis plus longtemps que le Bixi. Il est devenu une véritable habitude de transport. Et j'ai même testé la chose. En termes de design, je l'ai trouvé très français. À vous de déterminer s'il s'agit là d'un commentaire positif ou négatif! Ha!

L'allure du vélo est en droite ligne avec un certain design français des années 40.
Il m'a fait penser à une 2CV de Citroën. Structurellement, il s'agit d'un vélo relativement conventionnel, affublé de toutes sortes de protecteurs alourdissant ses lignes. Quelles lignes d'ailleurs? Sans chauvinisme aucun, je n'ai pu m'empêcher de faire la comparaison avec notre Bixi dont la conception est partie de zéro, faisant en sorte que chaque pièce est conçue exclusivement pour ce vélo et son utilité. Et une petite voix m'a dit « On ne compare pas des pommes avec des... patates! » Même couleur ce Vélib, d'ailleurs! Bon, vous l'avez compris, question esthétique, je le trouve relativement laid et surtout très passéiste.

Question géométrie, il s'est avéré pas si mal de conduite quoique dangereusement sur-virant en demi-tour. Question mécanique, les trois vitesses fonctionnent bien mais les freins tambours sont tellement faibles que j'ai cru, au premier essai que le vélo avait un problème. Mais les autres n'étaient guère mieux. Et que dire du poids! D'accord, impossible de faire robuste sans faire lourd. Bon, il faut vivre avec cela!

Mais là où il a eu le principal bémol, voire, la majeure dissonance, c'est sur la convivialité de la borne de location. Comme on dit en bon français : C'est loin d'être "User frendly!". Il a fallu s'y reprendre à plusieurs reprises avant de saisir le manque d'ergonomie visuel informatif de la machine. Même un abonné, sollicité sur place, n'a presque pas pu nous porter secours car, dans son cas, il avait simplement acheté une carte magnétique dans un commerce, et donc jamais utilisé ladite borne.
Bref, je me suis vite ennuyé de notre Bixi. « Bonjour, je suis un PC. Bonjour, je suis un Mac! »