mercredi 7 novembre 2012

Alain Mongrenier - artiste peintre


Technique mixte 90x80

Alain MONGRENIER
Portrait du peintre par Jacques Béal

Un regard sur l’énigme du visible
Pour le rencontrer il faut quitter la ville (Amiens) et rouler à travers la campagne amiénoise jusqu'à Rubempré, son village d’adoption. Sa maison, près de l’église est tout en longueur…/…Dans le prolongement de l’habitation, l’atelier. Au mur des affiches rappellent des expositions dans des galeries françaises (Guy Charrier à Amiens, Jean-Claude Bellier à Paris), des fondations (Gulbekian à Lisbonne) des musées (Antoine Lécuyer à Saint Quentin, musée de San Francisco). Né le 4 Octobre 1940, Alain Mongrenier a déjà fait l’objet de d’importantes rétrospectives à l’abbaye Notre Dame du Gard en 1975 et au Musée de Saint Riquier en 2003.

Retour aux origines. A 7 ans, encore imprégné de l’enseignement des beaux-arts d’Amiens et de romantisme adolescent, Alain Mongrenier est inspiré par des situations extrêmes, la pauvreté, la maladie, la plainte, l’angoisse . Il peint des tableaux sombres, figés, de facture épaisse, reflets de son admiration pour Le Greco, Goya, Soutine et les expressionnistes. L’inspiration, peu à peu se dégage de cette tension dramatique qui s’apparente au « cri » de Munch. Il abandonne les thèmes misérabilistes en élargissant sa palette tant dans les couleurs que dans les motifs. Alain Mongrenier découvre alors la joie d’une musique picturale singulière, plus légère.

Le déplacement des lignes crée le mouvement. Le dessin habite la couleur. Il peint le quotidien, s’intéressant à des sujets qui retiennent peu souvent l’intérêt : ateliers, machines aratoires, abris de jardin, toits de Paris. Dans un esprit identique, ses natures mortes sont composées d’objets simples empruntés à la vie courante : un moulin à café, une lampe, uns cruche, des vélos. L’univers de son atelier – lorsque ce n’est pas l’atelier lui-même – devient, à la façon d’un Courbet, sujet de tableau et prétexte à exploration et à accumulation de chaises, de tables, de chevalets, de châssis, d’où l’homme est en apparence exclu.

Lumière artificielle
Le plus souvent son oeuvre est précédée de nombreuses esquisses et dessins, presque toujours exécutées la nuit à la lumière électrique comme si Alain Mongrenier s’enfermait davantage et prétendait peindre dans une immobilité lumineuse, indifférente aux levers et aux couchers du soleil. Dans cette ambiance neutre il travaille jusqu’à ce que « la toile respire de tous les côtés, que l’œil puise y circuler, qu’elle soit habitable ».

Les techniques se mélangent : acrylique, pastels secs, encres. Au fil des années, la palette se fait plus lumineuse, quittant les teintes marron et ocre. Aujourd’hui apparaissent des mauves, des jaunes, des roses et des bleus subtils jouant avec la transparence, les superpositions, les hasards, le blanc de la toile, pour créer un espace laissé ouvert, avec ses brèches de lumière.

Le portrait reste omniprésent dans l’œuvre de Mongrenier. Ce qui compte, c’est de pouvoir saisir les visages tant de l’extérieur que de l’intérieur, de traduire sur le papier les traits principaux de leur caractère. Alain Mongrenier à la façon de Quentin de La Tour, descend au plus profond de ses modèles et « les emporte tout entier à leur insu », selon les termes du célèbre pastelliste.

Animé d’une sensibilité aiguë , d’un sens développé de l’observation, ce portraitiste utilise d’une façon très personnelle l’encre, la mine de plomb ou le pastel, répartis tantôt en hachures obliques, tantôt en traits serrés, juxtaposés ou entrecroisés avec énergie. Il offre des portraits et des autoportraits d’une surprenante modernité et d’une vie intérieure intense.

Ecarté des influences contemporaines, Alain Mongrenier restitue, plus qu’il ne représente, les secrets du visible. A travers une oeuvre moderne il a le pouvoir de nous faire rêver silencieusement dans un univers marqué par une quête d’absolu.

A la fin des années 50, Alain Mongrenier, bien déterminé a être peintre, n’imaginait certainement pas quelle voie serait la sienne. Aujourd’hui encore après des milliers de toiles qui jalonnent sa tenace aventure, il continue de surprendre et de nous surprendre, comme si, avec lui, nous regardions l’énigme du monde pour la première fois.

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