jeudi 12 mars 2009

Austères et disciplinés?



« ni neige, ni grand froid »...« ni de parapluie ni de capes imperméables »


« Les Hollandais, placides et peu coquets »
images : www.amsterdamize.com
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article de Lysiane Gagnon, La Presse
Amsterdam à Montréal?
article complet, La Presse

...« Montréal ne sera jamais un terroir pour le vélo comme Amsterdam, une petite ville de 750 000 habitants où il n'y a ni côtes, ni neige, ni grand froid, et dont la population, à 80% d'origine germanique, est austère et disciplinée. Il pleut très souvent à Amsterdam, mais la plupart des gens ne s'encombrent ni de parapluie ni de capes imperméables, accessoires peu pratiques en vélo. Les Hollandais, placides et peu coquets, ne se soucient guère d'avoir les cheveux et les vêtements mouillés. Cela ne marcherait pas à Montréal, pas plus d'ailleurs qu'à Paris, où l'on voit très peu de cyclistes les jours de pluie. »...
...« Il est irrationnel d'aménager la ville (de Montréal) en fonction du vélo, quand même dans le Plateau, seulement 6,2% de ses résidents se déplacent sur deux roues! »...

Après avoir lu l'article de Lysiane Gagnon de la Presse, je suis resté quelque peu interloqué par le propos. Ce qui est tout d'abord resté comme leitmotive dans ma tête était ce "austères et disciplinés".
C'est alors que l'image d'un maigre et longiligne cycliste de noir vêtu s'est formée dans mon esprit. Droit sur sa monture d'acier sombre et de caoutchouc sec, de cuirs fourbus et de câbles fatigués, le corps raidi par le froid germain et l'embrun marin, le nez fin et incisif d'où suinte une goutte saline et hésitante au vent glacial, les cheveux blonds en brosse ne cédant à aucun souffle ni crachin, le regard bleu d'acier perçant l'horizon désespérément plat et gris, le cycliste hollandais affronte son destin tel un fier fonctionnaire dont l'horaire et le salaire l'obligent à perpétrer son voyage quotidien sans faillir.
Ok ok, je m'égare.
Les Hollandais sont certes différents de nous. Austères et disciplinés? Dire cela est aussi réducteur que de dire que les Suisses mangent du chocolat et fabriquent des montres, que les Italiens mangent des spaghettis et que les Québécois sont des bûcherons. À en juger par le contenu et l'abondance de sites de vélo Hollandais, Danois ou Anglais, on peut être loin de penser que les Européens du Nord sont austères et disciplinés?
Austères? Les Hollandais, sont placides et peu coquets? Si le "Cycle Chic" est considéré comme une mode austère pour certains, je crois plutôt qu'il démontre que le cyclisme urbain peut-être d'une élégance raffinée et remarquable, et montre bien que le vélo n'est pas forcément synonyme d'effort outre mesure et de sueur obligatoire.
Disciplinés? Rouler en parlant au cellulaire, rouler sans casques, rouler à deux sur un vélo... Ce sont quelques comportements qui sont loin d'être de l'ordre de la discipline cycliste. En tout cas qui seraient vus d'un mauvais oeil ici. Je pense plutôt qu'en place du mot "discipline", on devrait plutôt mettre le mot "civisme". Oui il y a un civisme certain et tangible quant à la façon de partager les rues en vélo. Lorsqu'on observe leurs voies cyclables, il est rare de voir des situations potentielles de face à face.

Et pourquoi dire : « Il est irrationnel d'aménager la ville (de Montréal) en fonction du vélo, quand même dans le Plateau, seulement 6,2% de ses résidents se déplacent sur deux roues! »...? Je suis utopiste peut-être, mais je reste convaincu que c'est en offrant une infrastructure fonctionnelle et bien pensée que l'on arrivera à faire évoluer les mentalités et proposer un autre style de déplacement quotidien à plus de gens encore. Et de ce fait, améliorer une foule de choses qui sont autant de bénéfices individuels, comme la santé, que de bénéfices collectifs, comme la qualité de l'air.
Faire aimer le vélo, et à ce titre, dessiner des bicycles sympathiques est une façon de le faire, faciliter son utilisation au quotidien, encourager le travailleur à prendre ce moyen de transport, voilà des actions concrètes qui changent les choses. Certaines entreprises l'ont compris et bonifient même financièrement le navettage de leurs employés.

Montréal ne sera jamais Amsterdam, j'en conviens. Mais mis à part nos hivers, ce n'est pas à cause du manque de pistes cyclables, en fait, que Montréal n'atteindra jamais le taux d'usager à deux roues d'Amsterdam. C'est plutôt à cause de l'idée nord-américaine longuement reçue et perpétrée que point de salut sans l'automobile. Enfin, par les temps qui courent, et ils courent vite, on pourrait enfin commencer à en douter un peu.

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