mercredi 3 juin 2009

Prendre le temps d'y penser


Photo : Alec

En roulant sur mon Cervin, le long du canal Lachine, proche de Griffintown, là où les industries d'antan tournaient à plein régime, et que le silence maintenant remplace le tintamarre mécanique d'autrefois, il me vient à penser à la manière de faire les choses… avant. Avant l'ordinateur, avant la recherche de performance, avant... que tout aille si vite et soit jeté aussitôt.

Bien sûr, il n'y avait pas tant de matériaux de pointe, ceux-là même qui nous permettent aujourd'hui de faire des objets plus légers, meilleur marché, etc.
Tiens, justement, sans ces nouveaux matériaux, mon vélo aurait été en acier et pèserait 45 livres, voire plus. Alors que maintenant, il est en aluminium et ne dépasse guère les 30 livres, tout équipés.
Et le vélo de compétition de mon collègue Stéphane Le Beau, le super champion du monde sur piste, le maître C qui court chez les maîtres A et qui gagne tout, son fameux vélo tout en carbone ne pèse que 15 livres...

Bien sûr, ces machines sont devenues performantes et efficaces. Mais dans cette course effrénée de l'industriel, où est passé l'artisan, celui qui passait plus de temps, peut-être trop pour certains, à faire en sorte que sont ouvrage soit le mieux fait, et surtout le plus beau? Où est l'artisan qui s'attardait aux détails, ces détails que l'on ne voit pas toujours mais qu'inconsciemment on ressent? La petite courbe subtile, la fioriture de prime abord inutile mais qui enjolive le quotidien d'une pièce mécanique brut. Où est cet artisan qui, par son intervention devenait à son tour créateur? Nous devons le retrouver dans nos gestes, dans nos façons de faire, dans notre façon d'appréhender notre présent.

Je ne suis pas contre le progrès, bien au contraire, mais pour moi le progrès devrait justement être une progression vers un "mieux en mieux", et pas forcément toujours une recherche du "meilleur à tout prix". Question de rythme.
En alliant le savoir-faire, la patience et la passion, il me semble que là aussi le temps peut jouer un rôle bénéfique. Prendre le temps de penser, prendre le temps de réfléchir, de remettre en question ce que l'on a fait, ce que l'on a créé ou produit, même de se remettre en question, car rien n'est acquis.

Les vélos Urbanista sont un écho à cette pensée. Ce qui a été bien avant, peut être aussi bien aujourd'hui et peut être encore mieux si on y pense bien, si on prend le temps d'y penser.


Photo : Alec

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